La vallée de la Charente
Vallée de la Charente
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Mis à jour le 17 janvier 2022

L’opération d’inventaire sur la vallée de la Charente en Charente-Maritime a été conduite entre 2016 et 2021. Les dossiers des éléments étudiés sont en ligne. Ils permettent de mettre en évidence les liens étroits existant entre le fleuve et l’évolution des activités humaines à travers l’histoire.
Le fleuve Charente prend sa source à Chéronnac, en Haute-Vienne, et parcourt ensuite de ses méandres les départements de la Charente, de la Vienne et de la Charente-Maritime, sur 381 kilomètres, jusqu'à son embouchure dans l'océan Atlantique.
Afin de préserver la faune et la flore des territoires traversés, la presque totalité du cours du fleuve et de ses affluents est classée dans le réseau européen Natura 2000.
Ses rives, qui forment de vastes prairies, ont très tôt attiré l'installation de population et de nombreux sites archéologiques en attestent. Dès l'Antiquité, cet axe de navigation favorise les échanges. Divers aménagements pratiqués au Moyen Âge améliorent sa navigabilité à partir d'Angoulême, lui donnant un rôle essentiel dans les relations commerciales entre les provinces de l'Angoumois et de la Saintonge. Par la suite, de grands ports se développent, à Angoulême, Cognac, Saintes, Tonnay-Charente et Rochefort, pour le transport de matériaux, de produits manufacturés et de vivres, et stimulent l'économie des communes alentours.

Le fleuve Charente, de son entrée en Charente-Maritime à son embouchure
En Charente-Maritime, les eaux tranquilles du fleuve traversent 34 communes riches d'une histoire vécue en symbiose avec lui, véritable trait d'union entre l'océan et l'arrière-pays. La plupart de celles-ci sont situées dans l’ancienne province de Saintonge, à l’exception des communes situées sur la rive droite à l’aval de Tonnay-Charente, qui dépendaient de l’Aunis. Si elle a ainsi parfois joué un rôle de frontière et forcément compliqué les passages d’une rive à l’autre, la Charente a aussi favorisé les échanges. Le patrimoine bâti qui s'égrène le long de son lit est souvent lié à ses diverses fonctions : châteaux défensifs, habitations de pêcheurs et de commerçants, moulins, quais, cales, ponts, barrages, écluses, usines…
- À Saint-Savinien, le méandre de la Charente est bordé par les maisons du bourg. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Pont ferroviaire de la Cèpe à Cabariot. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2019.
- Partie sud de Port-d’Envaux depuis l’autre rive. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2019.
- Le château de Crazannes domine la vallée. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Barrage mobile et entrée de l’écluse à sas de Saint-Savinien. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2016.
- À Port-des-Barques, l’Ile-Madame, en arrière-plan, est accessible à marée basse. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
L'enquête d'inventaire du patrimoine
Cette opération d'inventaire s'intégrait dans un programme de valorisation, inscrit dans le Contrat de Plan État-Région (CPER) 2015-2020, des vallées de la Charente, de la Gartempe et de la Sèvre-Niortaise qui structurent le territoire régional et participent à son développement touristique. Ces trois opérations avaient pour objectif principal de mettre en évidence les relations entre les habitants et leur environnement.
Après l’expérimentation d’un inventaire topographique sur la commune de Courcoury, l’étude s’est concentrée sur le patrimoine lié à l’eau dans la vallée de la Charente en Charente-Maritime, depuis Chérac et Salignac-sur-Charente, jusqu'à l'embouchure entre l’île d’Aix et Port-de-Barques. Commencée en janvier 2016, l'étude a été conduite par Pascale Moisdon, chargée d'étude à la Région Nouvelle-Aquitaine.
En savoir plus :
- Trafic fluvial à Tonnay-Charente vers 1860. Dessin et lithographie par Charles Mercereau, impression Frick Frères. © Médiathèque La Rochelle, 4 Fi 1050.
- La vallée entre Bussac-sur-Charente et Cabariot sur une carte de Claude Masse levée en 1718. © Service historique de la défense, Vincennes.
- L'église romane de Courcoury. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2015.
- L’embouchure de la Charente entre les îles d’Aix et Madame. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2020.
Les cartes
Le cours du fleuve Charente depuis sa source à Chéronnac dans la Haute-Vienne

La vallée de la Charente : les 34 communes riveraines du fleuve en Charente-Maritime

Des paysages contrastés
De l’amont vers l’aval, les paysages se transforment à partir de Saint-Savinien ; les coteaux boisés ou plantés de vignes, de cultures céréalières ou fourragères, qui bordent les prairies inondées l’hiver, disparaissent au profit d’un paysage aplani constitué de marais desséchés ou mouillés.
En savoir plus :
- Point de vue sur la vallée de la Charente depuis le promontoire de Chez Landart à Chérac, rive droite. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2018.
- Le fleuve Charente, calme et large, quelques kilomètres après son entrée en Charente-Maritime. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- La Charente à Saint-Savinien. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Le plateau cultivé au nord du bourg de Courcoury. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2016.
- Les marais de Saint-Hippolyte vus depuis le pont suspendu de Tonnay-Charente ; le pont du Martrou se distingue en arrière-plan. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2017.
- Les anciens marais salants de Fouras au nord du fort la Pointe. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2016.
Le rôle de l’arsenal de Rochefort
La création de l’arsenal en 1666, à l’origine de la ville de Rochefort, transforme la vallée d’abord par l’ampleur de ses installations avec des annexes implantées jusqu’au littoral : des fosses pour l’immersion des bois de construction des vaisseaux, une fontaine, des redoutes et des forts pour défendre l’accès au fleuve, mais aussi des phares pour guider les bateaux. Cette implantation transforme également la vallée en amont en dynamisant l’économie et en accroissant fortement le trafic fluvial pour répondre aux immenses besoins de l’établissement et de la population qui lui est attachée, tant en matériaux de construction, en bois de chauffage, en vivres, qu’en produits manufacturés.
En savoir plus :
- L'arsenal et la ville de Rochefort en 1789. © Médiathèque, Rochefort.
- Vue d'ensemble du port et ses formes de radoub au premier plan, 1890. © Service historique de la défense, Rochefort.
- Partie sud de la façade principale de la corderie royale. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2016.
- La fontaine royale implantée dans le lit du fleuve, à son embouchure, pour ravitailler en eau douce les vaisseaux quittant Rochefort. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2020.
- Redoute de l’Aiguille édifiée en 1673 pour verrouiller l’accès depuis la pointe de la Fumée à Fouras. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2020.
- Redoute de l’île Madame construite en 1703 et transformée au 19e siècle par l’adjonction d’une caserne © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2020.
Un fleuve à franchir
Jusqu’au 19e siècle, après la destruction du pont médiéval de Taillebourg en 1652, un seul pont permettait de traverser le fleuve, celui de Saintes qui datait du début du 1er siècle. Ailleurs, le voyageur avait recours au bateau manœuvré par un « passager » contre des droits payés aux communautés ecclésiastiques ou aux seigneurs qui en étaient les détenteurs. C’est seulement à partir de la fin des années 1830 que d’autres ponts sont édifiés pour remplacer les bacs qui disparaissent peu à peu. Néanmoins, durant la période estivale, un service de bac existe encore dans trois endroits du fleuve, entre Soubise et Rochefort, Courcoury et Chaniers, et, enfin, Rouffiac et Dompierre-sur-Charente. Quelques ponts sur la Charente sont particulièrement intéressants par la technicité mise en oeuvre et leur esthétisme, tels le pont suspendu de Tonnay-Charente et le pont à transbordeur de Martrou.
En savoir plus :
- La traversée par bac à Martrou entre Rochefort et Echillais vers 1860 : le bac est tracté par un remorqueur à vapeur depuis 1855. Dessin et lithographie par Charles Mercereau, impression Frick Frères. © Médiathèque La Rochelle, 4 Fi 997.
- Le dernier bac à chaîne manuel du fleuve, qui assure le passage, entre Dompierre-sur-Charente et Rouffiac, côtoie les bateaux de plaisance. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Le passage de bac mécanique à Chaniers. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Le pont transbordeur de Martrou, entre Rochefort et Echillais, mis en service en 1900. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / G. Beauvarlet, 2018.
- Le pont suspendu de Tonnay-Charente depuis le port. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2017.
- L’arc de triomphe, dit de Germanicus, seul vestige du pont antique de Saintes avec, à l’arrière-plan, un pont suspendu ayant précédé l’actuel pont Palissy. Lithographie de L. Le Breton, d'après un dessin de Bréjon père, vers 1850. © Archives départementales de Charente-Maritime, 1 Fi Saintes 19.
Un fleuve qui relie
Dès l’Antiquité, le fleuve permet le transport des hommes et des marchandises. Des sources écrites attestent l’existence de certains ports à partir du 11e siècle, ceux de Port-de-Lys et Montalut à Salignac-sur-Charente, ou encore de Taillebourg et Saint-Savinien. Jusqu’au 19e siècle, chaque site de chargement et de déchargement, même dénué d’aménagement spécial, est dénommé port. C’est surtout au cours de ce siècle que les ports les plus actifs, dans l’estuaire et en amont, sont dotés de cales et de quais maçonnés, auxquels s’ajoutent des jetées pour les premiers. Les eaux de la Charente sont aussi synonymes de loisirs, parfait terrain de jeu pour la baignade, la plaisance, la pêche et la chasse.
En savoir plus :
- Quai du port de Taillebourg. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2018.
- Gabares en cours de chargement au port du Bas-Bourg à Dompierre-sur-Charente, vers 1900. Carte postale, collection particulière.
- Entrée d’entrepôts liés au port du Lys à Salignac-sur-Charente datée de 1556. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2017.
- Le port de la Coue à Fouras aménagé avec une jetée à partir des années 1830. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel /C. Rome, 2020.
- La ville de Tonnay-Charente et son port vus depuis le pont suspendu. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2017.
- Ancienne cale de carénage à Port-d’Envaux transformée en plage et en bassin. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2017.
- L’écluse de Chaniers est fréquentée l’été par les plaisanciers. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Un carrelet, à l’embouchure de la Charente, avec Fouras en arrière-plan. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
Industrie et artisanat
Un seul site a été aménagé en moulins, celui de la Baine à Chaniers, là où le fleuve se partageait en deux bras, l’un d’entre eux étant réservé à la navigation. Ailleurs, une construction de barrage pour le fonctionnement d’un moulin aurait gêné le passage des bateaux. En revanche, la facilité d’export de marchandises par la voie fluviale a profité à l’activité économique de l’ensemble de la vallée, et notamment au développement de la filière du cognac. De plus, les berges de la Charente, à Tonnay-Charente par exemple, ont accueilli des usines ainsi aisément approvisionnées en matières premières.
- Les moulins de la Baine à Chaniers. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- Le port de la Rousselle à Saintes, photographié en 1899 par Emile Proust, appartient alors au négociant Martineau qui y expédie ses eaux-de-vie de cognac depuis ses chais, à gauche sur la photo. © Médiathèque de Saintes.
- Ancienne usine de la Compagnie royale asturienne des mines, créée en 1915 sur la rive droite du fleuve à Tonnay-Charente, de façon à recevoir aisément, par bateau, le minerai de zinc qui y était raffiné pour être transformé en munitions. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2019.
- Silo à grains de 8 cellules situé sur la rive droite à Tonnay-Charente et doté d’un portique de chargement pour les navires. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / S. Cadars, 2017.
"L'industrie des bois déroulés"
Extrait - durée : 1 min - muet.
Réalisation A. Bouclaud, années 1950.
Format d'origine 16 mm - noir et blanc - sonore magnétique - durée : 10 min.
© archives Trafic Image.
La production d'une planche de contreplaqué, une des spécialités industrielles de Charente-Maritime, de l'arrivée des grumes du Gabon à Rochefort à la fabrication d'emballages légers ou de petits meubles, dans les années 1950.
La concurrence de la voie ferrée
L’ouverture des lignes ferroviaires, en 1867 pour celle qui longe la vallée entre Rochefort et Cognac, puis en 1873 pour celle joignant La Rochelle à Rochefort, concurrence très vite le trafic fluvial, d’abord pour les voyageurs, puis pour les marchandises. Elle entraîne aussi la construction d’un certain nombre de ponts dans la vallée, pour les lignes elles-mêmes, mais surtout pour l’accès aux gares.
En savoir plus :
- Le train, photographié par Léon Triou un dimanche d’avril 1910, alors qu’il est ralenti dans la côte à la sortie de Chaniers vers Saintes. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel.
- Le chantier de construction du pont de Diconche à Saintes sur la ligne Saint-Jean-d’Angély-Saujon, photographié le 12 août 1909 par Léon Triou. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel.
- La gare de Saint-Laurent-de-la-Prée. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / P. Moisdon, 2018.
- Le pont ferroviaire et le pont routier de Chauveau entre Chaniers et Saint-Sever. © Région Nouvelle-Aquitaine, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2019.
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