Conférence sur le patrimoine de Cernay le 24 mars
Le vendredi 24 mars 2023 à 18h, à la salle des fêtes de Cernay, une conférence de Paul Maturi présentera les résultats de l’inventaire du patrimoine de cette commune.

En marge de l’inventaire de la statuaire historique publique, la sépulture d’un émigré polonais, Leonard Chodźko, a été découverte dans un cimetière de Poitiers. Le parcours de cet homme permet de souligner les relations privilégiées entre Poitiers et la Pologne depuis le 19e siècle.
Issu d'une vieille famille noble originaire de Vilnius (Lituanie), Leonard Chodźko est né le 6 novembre 1800 à Oborek (actuelle Biélorussie). Fils de Ludwik Chodźko, député à la Diète de Grodno, il étudie à la faculté de droit de Vilnius, puis devient le secrétaire du prince Michel Ogiński (1765-1833). À la suite d’un voyage de quatre ans qui le conduit en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Hollande et en Angleterre, il se fixe en 1826 à Paris où, tout en menant une carrière de bibliothécaire, il commence une activité d’écrivain et d’éditeur. Il écrit des dizaines d’ouvrages historiques, géographiques et statistiques, dont son œuvre majeure, parue en 1863, Histoire populaire de la Pologne, qui est éditée à quatorze reprises.
En 1830, lors de la révolution de Juillet, Leonard Chodźko est capitaine de la Garde Nationale, auprès du général de La Fayette. Cette même année, une insurrection polonaise débute à Varsovie, contre la domination russe, qui est suivie d’une forte répression et d’une importante émigration polonaise, notamment en France. Leonard Chodźko, qui fait partie de la légation qui négocie les intérêts de la Pologne, devient l’un des défenseurs de la Pologne à l’étranger. On lui doit en grande partie la création du Comité franco-polonais placé sous la présidence de La Fayette. Durant toute la durée de l’existence de ce comité, Chodźko en est l’archiviste et le secrétaire et il sert d’intermédiaire entre les émigrés et le Comité.
Issus de la petite et moyenne noblesse, les émigrés polonais sont répartis dans les villes françaises, dont Poitiers. Poitiers accueille même en 1833 la Société démocratique polonaise, organisme de soutien au peuple polonais, dont les agissements sont très surveillés par les autorités. En 1836, les membres les plus éminents de la Société publient le Grand manifeste de Poitiers, important réquisitoire en faveur des Polonais. Beaucoup d’entre eux s’intègrent à la société poitevine et certains font souche dans le Poitou. D’après Pierre Billion, on dénombre, entre 1836 et 1860, 32 mariages entre Polonais et Poitevines, et 92 enfants nés de ces unions.
En 1870, lors de la déclaration de guerre de la France à la Prusse, Leonard Chodźko quitte Paris pour se réfugier à Poitiers. Il est probablement recueilli par l’un de ses amis poitevins d’origine polonaise. Malade, il y meurt le 12 mars 1871, et non en 1870 comme l’indique par erreur l’épitaphe de sa sépulture.
Quelque peu perdue dans le cimetière de l'Hôpital-des-Champs, la sépulture de Leonard Chodźko porte l'épitaphe suivante : « Leonard Chodźko, né à Oborek en Litwani (Pologne) le 6 novembre 1800. Décédé à Poitiers le 12 mars 1870. Patriote et historien de la Pologne. Capitaine de la Garde Nationale parisienne. Décoré de Juillet, aide de camp du Général La Fayette et bibliothécaire à l'Université de France ».
Auteur : Thierry Allard, février 2019.