Persac
L’inventaire du patrimoine de la commune de Persac est achevé. Il a permis de constituer 253 dossiers, concernant des œuvres d’architecture et des objets mobiliers, consultables en ligne.

De tout temps honorés, les "grands hommes" de la France, ceux qui ont fait son histoire et sa gloire, sont de plus en plus nombreux à être célébrés après la Révolution de 1789. C'est ainsi qu'au 19e siècle, rois, militaires, hommes politiques, inventeurs, explorateurs et artistes se trouvent statufiés, en pierre, en bronze ou en fonte, pour orner les places et les jardins publics, et ainsi servir de modèle au peuple.
En Charente, en Charente-Maritime, dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne, une centaine de statues qui ornent les places et les jardins publics célèbrent des personnages illustres : François 1er à Cognac, Jean Guiton à La Rochelle, Théophraste Renaudot à Loudun, Denfert-Rochereau à Saint-Maixent-l'École, Pierre Loti à Rochefort... Afin de mieux comprendre ce phénomène historique, la Région Nouvelle-Aquitaine a décidé de lancer un inventaire de la statuaire publique des personnages historiques dans ces quatre départements.
Soldat décoré de la Croix de guerre 14-18 et de la Légion d’Honneur, Claude Grange a été aussi un sculpteur reconnu lauréat d’un second Grand Prix de Rome en 1911. Cette double réputation lui a valu nombre de commandes pour des monuments aux morts, mais aussi pour des portraits sculptés de Poilus ou d’artistes destinés à orner les sépultures des défunts. Parmi ces portraits, deux ont été découverts à Poitiers et à Châtellerault.
Dans l’ancien cimetière Sainte-Croix d’Angles-sur-l’Anglin (Vienne), la sépulture de Samuel Périvier (1828-1902) offre au regard le portrait sculpté du défunt, qui a achevé sa carrière comme premier président de la Cour d'appel de Paris. Ce portrait est signé d’un sculpteur qui a étonnamment fait toute sa carrière dans l’armée et l’a achevée comme député de Blois, Eugène Riu, dit le général Riu (1832-1895).
À Châtellerault, le cimetière Saint-Jacques renferme le buste d’un militant socialiste et bienfaiteur de la ville, aujourd’hui oublié, Prosper Ernest Guillemot. Ce buste est une œuvre inédite d’un sculpteur tout aussi oublié, François Louis Antoine Jusserand.
C’est au détour d’une allée du cimetière Cadet de Niort que se dresse un monument funéraire qui porte le médaillon du général Lucas. Signé de la main du sculpteur Ernest Guilbert, ce portrait n’était jusqu’à présent pas connu de la production de l’artiste. Il nous invite aussi à explorer une histoire personnelle, celle d’Édouard Hyacinthe Lucas, un homme de son temps, militaire et voyageur.
À Montmorillon, dans la cour de l’ancienne Maison-Dieu, devenue au 19e siècle le petit séminaire, trône la statue d’un des plus hauts prélats que l’Église de France du 19e siècle ait connus, Louis-Edouard Pie. Issu d’une famille très modeste de la campagne chartraine, celui qui a été l’un des conseillers personnels du pape Pie IX et l’a secondé dans toutes ses grandes prises de décision, est devenu en 1849 le plus jeune évêque de France avant d’être nommé cardinal en 1879. La statue qui le représente dans cette dignité a été réalisée peu après sa mort en 1880 par le sculpteur Louis Amédée Charron, et inaugurée le 9 juillet 1882 dans les jardins de l’Œuvre de Notre-Dame-des-Dunes à Poitiers.
Le médecin philanthrope Théophraste Renaudot, fondateur de la presse en France et dont un grand prix littéraire porte aujourd'hui le nom, est né en 1586 à Loudun. Depuis 1986, année de commémoration du 4e centenaire de sa naissance, une statue représentant cet homme illustre se dresse devant l’hôtel de ville de Loudun. Cette œuvre remplace celle réalisée en 1893 par le sculpteur Alfred Charron et fondue par les Allemands en 1942.
En marge de l’inventaire de la statuaire historique publique, la sépulture d’un émigré polonais, Leonard Chodźko, a été découverte dans un cimetière de Poitiers. Le parcours de cet homme permet de souligner les relations privilégiées entre Poitiers et la Pologne depuis le 19e siècle.
Alexandre Lemoine aurait pu être un entrepreneur en maçonnerie ordinaire et aujourd'hui oublié, s'il n'avait pas affiché sur sa tombe son appartenance à la loge maçonnique poitevine La Solidarité, dont il occupa durant 25 ans le poste de vénérable.
La tête sculptée de Jean Rostand installée à Saint-Germain a de quoi surprendre. Sa localisation d'abord, quand on sait que l'académicien n'a jamais eu d'attaches particulières avec le Poitou. Son auteur ensuite, Georges Boulogne, sculpteur - aujourd'hui méconnu - issu du mouvement surréaliste et initiateur en sculpture du concept de la « double image »...
Aujourd'hui déposé dans les locaux de l'EHPAD de Mirebeau (Vienne), le buste de Théodore Arnault trônait encore à la fin des années 1970 au milieu de la cour de l'ancien hospice. Il rend hommage à l'un des fondateurs de cet établissement hospitalier, Théodore Arnault, qui a légué en 1868 toute sa fortune « en témoignage de son affection pour les pauvres. » Ce buste a été réalisé en 1922 par un sculpteur talentueux, Léon Morice.
À Saintes, un monument funéraire rappelle l’histoire singulière de la famille Planchat, aujourd’hui tombée dans l’oubli. Tout au long du 19e siècle, cette famille reste attachée à la musique : on retrouve ainsi ses membres, de père en fils, professeurs de musique, musiciens à l’Opéra-Comique ou chef de fanfare dans l’armée…
L'histoire de la statue d'Adolphe Thiers à Saint-Savin, dans la Vienne, est étonnante. Installée en 1880 en Algérie, à Bône (aujourd'hui Annaba), cette statue a été principalement financée par un émigré lorrain qui fuyait en 1870 la Lorraine envahie par les Allemands. Elle y reste jusqu'à l'indépendance en 1962, avant de partir à Marseille, à Paris, puis à Saint-Savin en 1967, où elle est placée dans un square, sans aucune identification.
Dans les Deux-Sèvres, deux monuments ont été érigés à la mémoire de membres de la famille Amussat, natifs de Saint-Maixent-l'École : Louis-Jacques Amussat, prêtre, mort à Luché en 1817, et Jean Zuléma Amussat, célèbre chirurgien parisien, décédé en 1856. Le premier monument est dans le cimetière de Luché-sur-Brioux, le second sur la place Chaigneau à Saint-Maixent-l'École.
Près de Châtellerault, le cimetière de Naintré conserve un monument émouvant érigé en l'honneur de l'adjudant Albert Réau, mort, avec trois autres membres d'équipage, dans l'accident du dirigeable La République survenu le 25 septembre 1909. Suite à cette tragédie et aux funérailles nationales célébrées trois jours plus tard en la cathédrale de Versailles, des monuments commémoratifs ont été érigés à la fois sur le lieu de la catastrophe et dans plusieurs communes d'où étaient originaires les victimes. C'est le cas du mémorial d'Albert Réau à Naintré.