Images de Poilus dans l'espace religieux
Découvertes
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Mis à jour le 27 novembre 2015
Destinés à rendre hommage aux soldats tombés pour la France, plus de 30 000 monuments aux morts – dont quelque 1 500 dans l'actuel Poitou-Charentes - sont édifiés entre 1920 et 1925. Conformément à la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, les monuments situés dans l'espace public ne doivent porter aucun signe ou emblème religieux, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières et des monuments funéraires. Ainsi trouve-t-on dans certains édifices de la région, des images de Poilus entourés de prêtres ou de figures de l’Église.
Photographies : Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / T. Allard, 2015.
Dans l'église d'Adriers (Vienne)
Un autel dédié aux soldats de la paroisse est orné d'un bas-relief qui montre un Poilu sur le champ de bataille recevant l'extrême-onction et serrant dans sa main une croix suspendue au cou d'un aumônier. Cette représentation est complétée d'une statue de la Vierge de Pitié installée sur l'autel, qui renforce le caractère religieux de la composition.
Dans l'église de Vasles (Deux-Sèvres)
Le monument aux morts de la paroisse est surmonté d'un vitrail encadré de deux bas-reliefs, dont le thème central est le Poilu placé sous la protection divine : au centre, le vitrail figure la Vierge à l'Enfant veillant sur des soldats installés dans une tranchée ; le relief de gauche représente le même soldat qu'à Adriers, recevant à la fois l'extrême-onction des mains d'un aumônier et la couronne du martyr de celles d'un ange ; sur le relief de droite, un autre Poilu gisant sur le champ de bataille reçoit lui aussi la couronne du martyr sous les yeux du Sacré-Cœur apparaissant dans le ciel.

Dans l'église d'Availles-en-Châtellerault (Vienne)
La chapelle nord présente une composition en hommage aux soldats de la Grande Guerre. Son autel en pierre est orné d'une sculpture en bas-relief qui illustre un groupe de Poilus réconfortés par le Christ - au centre – et par un ange offrant des couronnes de martyr. Au-dessus de l'autel, une toile peinte figure un paysage dévasté et désolé - arbre déchiqueté, village bombardé - et un seul personnage, une femme en deuil s'éloignant d'une tombe de soldat surmontée d'une croix.
Des croix militaires dans les cimetières
Les tombes de soldats peuvent elles aussi afficher librement des épitaphes au contenu religieux ou arborer des croix indiquant la foi du défunt. Ces croix peuvent être ornées de figures d'anges, d'images de saints ou de motifs symbolisant l’Église. L'une de ces croix est encore visible dans le cimetière d'Airvault (Deux-Sèvres). Elle montre un bas-relief en fonte figurant un Poilu en tenue de fantassin tenant devant lui un fusil ; le soldat est placé en avant d'une croix latine en forme de tronc d'arbre aux branches coupées, d'où sortent des rameaux de chêne et au centre de laquelle prend place un étendard militaire. Ce bas-relief, qui fait la synthèse entre patriotisme et religion, était à l'origine peint en polychromie : pantalon rouge garance et veste bleue.
Cette sculpture porte la signature des fonderies de Portillon, à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours. Active aux 19e et 20e siècles, cette entreprise s'est spécialisée dans les articles funéraires, notamment les croix de cimetière et les portes de caveaux. Après la guerre 14-18, elle a produit un grand nombre de croix destinées à être posées sur les tombes des soldats. Plusieurs modèles étaient proposés à la vente, comme celui d'Airvault.

Auteur : Thierry Allard.
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