La restauration de l'église Saint-Eutrope de Saintes
L’église Saint-Eutrope de Saintes vient de bénéficier d’une campagne importante de restauration, concernant l'élévation nord du monument. L’inauguration est prévue le samedi 25 juin.

Certaines demeures anciennes, abandonnées, difficiles à entretenir, peuvent disparaître complètement, en un temps très court. Seules subsistent leurs dépendances, devenues bâtiments agricoles. La confrontation de photographies, parfois prises à vingt ans d'écart seulement, fournit une image saisissante de cette disparition. C'est le cas pour le château d'Asnières-sur-Blour, dans la Vienne.
En 1980, le château a été totalement détruit. C'est le rideau des arbres de l'ancien parc, au sud, qui paraît à l'horizon. La grille et les dépendances, elles, sont toujours là, presque dans le même état qu'au début du 20e siècle.
Ce château, dépendant de la seigneurie de L'Isle-Jourdain, appartenait aux Guiot d'Asnières, dont la plus ancienne mention connue remonte à 1323. La famille Guiot comprenait de multiples ramifications, dont l'autorité s'étendait, peu ou prou, à tout le territoire situé entre Chabanais (Charente) au sud, Saint-Savin (Vienne) au nord, Civray (Vienne) à l'ouest et Le Dorat (Haute-Vienne) à l'est. Une des branches avait aussi des possessions en Bretagne.
Le logis du château d'Asnières, dont on a le dernier souvenir avec les photographies des années 1960 présentées ici, pouvait remonter au 17e siècle. Il fut occupé au moins jusqu'en 1836, année où y mourut l'avant-dernier représentant des Guiot d'Asnières. Un de ses treize enfants, sans descendance, finit quant à lui ses jours, en 1881, au château de la Roche de Moussac, commune proche d'Asnières. Peut-être alors le château d'Asnières n'était-il déjà plus habitable.
Situé au nord-est du bourg d'Asnières, il s'élevait entre une cour encadrée de dépendances, au nord, et un parc, au sud. Une sorte de canal nommé "la Mer rouge" reliait, au sud-ouest, un vaste étang au hameau Chez-Normand. Faut-il voir, dans ce nom, un "souvenir" familial ? Un des Guiot, d'une branche autre que celle des Asnières, avait participé à la septième croisade. La demeure comportait deux étages, dont un dans les combles. Cinq rangées verticales de fenêtres à petits carreaux et une porte centrale en plein cintre les éclairaient ; dans les années 1960, les fenêtres avaient encore toutes leurs traverses en bois. Deux petites ailes, à l'est et à l'ouest, comportaient chacune une rangée d'ouvertures. Le château était construit en granit, avec une toiture à la Mansart ; le toit des dépendances était à deux pans.
Un puits, presque au centre de la cour, un peu à l'est, était encore visible dans les années 1980. Sa margelle très basse était faite d'une seule pierre circulaire.
Auteur : Marie-Paule Dupuy