Monuments disparus : Cabanes en pierre sèche du Pays d'Aigre (Charente)
Découvertes
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Mis à jour le 23 juillet 2015
En pays de sols calcaires, les agriculteurs doivent parfois "nettoyer" leurs champs des pierres, des dalles ou des roches qui affleurent. Aujourd'hui broyées sur place par de puissantes machines, ces pierres étaient autrefois retirées des champs et mises sur leur pourtours, parfois en simples tas ou "chirons". Les plus plates d'entre elles pouvaient aussi servir à construire des murs et des abris utiles aux travaux agricoles.
Ces cabanes en pierre sèche, "lojhes" en patois charentais, sont désormais sans utilité. Si elles ne sont pas restaurées et sauvegardées, elles disparaissent peu à peu; C'est le cas dans le Pays d'Aigre, et plus particulièrement dans les communes de Fouqueure, Ligné et Tusson, où elles abondaient.
Une douzaine de cabanes avaient été dénombrées, au début des années 1970, en bordure orientale de la forêt de Tusson. La plupart étaient circulaires ou ovales, trois de plan plutôt carré. Elles ne comportaient qu'une « pièce », à l'exception de l'une d'elles composée de deux salles. Pour toutes, une seule ouverture permettait l'accès et l'éclairage. Le linteau de cette ouverture était monolithe ; une seule cabane avait son ouverture encadrée de bois. Les sols étaient de terre ; la moitié des cabanes possédaient un « banc » de moellons, adossé à la paroi ou même courant tout autour à l'intérieur. C'est leur coupole de pierres sèches, à voûte en tas de charge, qui en faisait l'originalité ; dans les années 1970, les abris de plan carré avaient déjà perdu la leur.
Photographies © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / A. Maulny, 1971.
- Tusson. Champs de Jarnac. Cette cabane carrée ouvrait au nord.
- Tusson. Le Rondeau. Cet abri de forme ovoïde, entre un champ et une route, ouvrait au nord et c'était la seule de l'ensemble des cabanes à avoir une ouverture à encadrement de bois.
- Tusson. Le Rondeau. La vue depuis l'ouest montre que le haut de l'abri avait été restauré ; les pierres sont moins patinées et moins fines que celles de la voûte initiale, dont l'épaisseur allait en s'amenuisant vers le sommet.
- Tusson. Le Grand Bois. Première cabane. Deux pans seulement de cet abri, construit au bord d'un chemin, en pierres de très grande taille, subsistaient en 1971.
- Tusson. Le Grand Bois. Deuxième cabane. Elle ouvrait à l'est, entre bois et champ.
- Tusson. Le Grand Bois. Deuxième cabane. Une vue intérieure de la coupole de l'abri montre l'agencement des dalles qui la couvraient.
- Fouqueure. La Font de Frêne. Cet abri était situé sur une pente à la limite d'un bois. Son ouverture donnait au sud : toute la partie extérieure, à l'est, était déjà effondrée en 1971.
- Fouqueure. La Font de Frêne. Malgré les infiltrations d'eau dont on voit la trace, l'intérieur était encore intact en 1971.
- Ligné. La Combe du Parc. Première cabane. Cet abri très étroit avait été ménagé au flan sud d'un vaste tas de pierres, ou chiron. Son exiguïté fait penser à un entrepôt plus qu'à un abri pour des personnes. En 1971, la coupole en était effondrée.
- Ligné. La Combe du Parc. Deuxième cabane. Entre bois et cultures, elle avait son ouverture au sud, et le sol était légèrement au-dessous du niveau du champ.
- Ligné. La Combe du Parc. Deuxième cabane. On peut voir le mode de fermeture de la coupole, par empilement des pierres.
- Ligné. Le Bois de l'Aiguille. La cabane, de forme ovoïde, s'élevait entre un chemin à l'est, et un champ. Son ouverture était à l'ouest. Un banc de moellons avait été construit au fond, du côté nord. Le sol était en dessous du niveau du champ.
- Ligné. Le Bois de l'Aiguille. Un banc de moellons, au nord, occupait la partie la plus étroite. Les pierres qui fermaient la coupole étaient disposées en losange couronné d'une dalle plus large.
- Ligné. La Fayette. Première cabane. Elle s'élevait au milieu de vignes. Son ouverture, au nord, avait un aspect évasé, du linteau au sol.
- Ligné. La Fayette. Première cabane. A l'intérieur, tout autour, courait un banc en moellons plats.
- Ligné. La Fayette. Première cabane. Couvrement de la cabane, vu de l'intérieur.
- Ligné. La Fayette. Deuxième cabane. Il restait en 1971 peu de choses de cet abri entre bois et champ, et dont l'ouverture donnait au nord.
- Ligné. La Fayette. Deuxième cabane. Vestiges de l'abri, depuis le nord.
- Ligné. Les Taillis. Première cabane. Cet édifice comportait deux salles, qui ne communiquaient pas entre elles ; l'une ouvrait au sud, l'autre au nord. Dans cette dernière, plus large,une niche avait été ménagée dans la paroi sud, en bas.
- Ligné. Les Taillis. Première cabane. Salle ouvrant sur le sud.
- Ligné. Les Taillis. Première cabane. Quatre dalles, disposées perpendiculairement par deux, fermaient la coupole.
- Ligné. Les Taillis. Deuxième cabane. Entre bois et champ, cette cabane, carrée, ouvrait au sud.
- Ligné. Les Taillis. Deuxième cabane. La photographie montre la régularité de l'appareillage des pierres.
Les cabanes en pierre sèche du Poitou et des Charentes, que l'on pouvait rencontrer sur tout le territoire, n'avaient pas l'ampleur de leurs homologues méridionales, qui servaient parfois d'abri pour le bétail. En Poitou-Charentes, elles se rencontraient le plus souvent dans les vignes ; leur édification pouvait dater du 18e siècle, mais la plupart d'entre elles étaient du 19e, et leur abandon a commencé à la crise du phylloxéra.
La maçonnerie à pierres sèches est une technique très ancienne qui consiste à assembler des moellons ou des blocs, bruts ou ébauchés, pour monter un mur, un voûtement, sans aucun mortier.
Auteur : Marie-Paule Dupuy
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