Monuments disparus : Hôtel de Brosse, 65 rue Théophraste-Renaudot, Poitiers (Vienne)
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Mis à jour le 23 juillet 2015
Avant l'affirmation d'une politique en faveur de la réhabilitation de l'habitat ancien, à la fin des années 1970, de nombreux logements ont été démolis et remplacés par des immeubles neufs. Ainsi l'hôtel de Brosse, 65 rue Théophraste-Renaudot à Poitiers, édifié au 19e siècle, a-t-il fait place en 1971 à l'actuelle résidence Renaudot.
L'hôtel de Brosse tenait son nom de la famille Gaborit de La Brosse. Originaire de Vendée, elle avait donné, dès le début du 18e siècle, plusieurs notables à la ville de Poitiers. L'hôtel fut édifié dans les années 1840-1850 par Adolphe François Gaborit de La Brosse (1801-1880), et son épouse Thérèse Marie Charlotte Célinie d'Aviau. Après leur mort, il fut habité par une famille apparentée, les Gaborit de Montjou. Ces derniers l'avaient déjà abandonné, en 1970, pour faire de leur domaine campagnard, l'abbaye de Bonnevaux à Marçay, leur résidence principale.
Photographies de l'hôtel de Brosse, 65 rue Théophraste-Renaudot, à Poitiers, en 1970, pendant sa démolition. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / A. Maulny, 1970.
- Façade sur rue. On remarque plusieurs ornements de toiture métalliques, et une coquille sculptée de style Renaissance, à droite du portail d'entrée.
- Lucarnes sur rue, avec une riche ornementation de pinacles. La descente de la gouttière est en fonte torsadée.
- Le portail est encadré de pilastres à médaillons, inspirés de la Renaissance ; il porte un couronnement de cinq baies séparées par des pinacles à la forme discrète.
- Portail d'entrée, vu de la cour de l'hôtel.
- Le portail d'entrée, sur cette photographie, a déjà disparu.
- Une succession de baies aux linteaux en anse de panier peuvent faire penser à la Renaissance comme au 17e siècle. Elles ouvraient sur l'écurie et la remise.
- Portail de la remise. Il est encadré, au rez-de-chaussée et à l'étage, de baies géminées dont l'aspect plus contemporain contraste avec celui du portail.
- Façade latérale, sur le jardin. Les murs en moellons crépis et la simplicité des ouvertures contrastent avec le volumineux encadrement de pierre de la lucarne. Elle est couronnée d'un blason portant à gauche les armes des Gaborit et à droite celles des Aviau. Adolphe Gaborit de La Brosse avait épousé Thérèse d'Aviau en 1830.
- Façade principale sur le jardin.
- Façade principale sur le jardin.
- Sortie monumentale sur le jardin. La baie géminée qui la surmonte est sommée des armes des Gaborit surmontées de la couronne comtale. Ces armes sont en fait celles de la branche Gaborit de Montjou. La branche de La Brosse portait un blason avec cinq mouchetures d'hermine.
- Façade principale sur le jardin. Quatre médaillons de style Renaissance sont incrustés dans le mur. La lucarne porte une fois de plus les armes des Gaborit, et au-dessous, un monogramme avec A et T enlacés : ce sont les initiales des prénoms du maître d'ouvrage et de son épouse, Adolphe et Thérèse.
- Sortie monumentale sur le jardin. Armes des Gaborit et monogramme aux initiales des prénoms des maîtres d'ouvrage, Adolphe et Thérèse.
Cet hôtel était un exemple parfait de l'architecture éclectique en vogue sous le second Empire et la troisième République, qui empruntait des éléments aux styles de toutes les époques passées. À l'hôtel de Brosse, le goût de la Renaissance avait été privilégié pour l'ornementation extérieure. Des coquilles et des médaillons de pierre avaient été appliqués sur les murs, construits en moellons et crépis. Girouettes, épis de faîtage, pinacles et pots à feu, tant de métal que de pierre, ornaient en abondance les lucarnes et les toitures. Le blason des Gaborit de Montjou, surmonté d'une couronne comtale, apparaissait un peu partout.
Les aménagements intérieurs s'inspiraient également de l'art de la Renaissance, mais aussi de ceux du 18e siècle et du Moyen Âge « gothique ». Le confort cependant n'avait pas été oublié, comme en témoignaient les grilles au-dessus des arrivées d'air chaud, dans les parquets...
Photographies de l'hôtel de Brosse, 65 rue Théophraste-Renaudot, à Poitiers, en 1970, pendant sa démolition. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / A. Maulny, 1970.
- Plafond à caissons irréguliers, peints. Le style est intermédiaire entre celui de la Renaissance et celui du Moyen Âge. La clé de voûte présente les initiales des maîtres d'ouvrage, Adolphe et Thérèse.
- Plafond à caissons irréguliers, ornés de volutes peintes.
- Retombée des arcs des caissons du plafond. Coquillage et papillon peuvent être inspirés de l'art de la Renaissance et de ses céramiques, les rustiques figulines chères à Bernard Palissy.
- Plafond aux caissons réguliers, dans la pièce d'apparat. La base de la suspension du luminaire, ici, peut déjà faire songer au style Art nouveau. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / A. Maulny, 1970.
- Pièce d'apparat. La cheminée se veut, dans son ornementation, d'inspiration médiévale.
- Galerie au plafond à caissons de pierre, d'inspiration Renaissance. La fenêtre est celle qui donne au-dessus de la sortie monumentale, sur le jardin.
- Galerie au plafond à caissons de pierre, d'inspiration Renaissance.
- Galerie au plafond à caissons de pierre, d'inspiration Renaissance.
- Pièce au décor d'inspiration 18e siècle. Médaillon du trumeau : les quatre saisons : le printemps. Les angelots ont des ailes de papillon.
- Pièce au décor d'inspiration 18e siècle. Médaillon du trumeau : les quatre saisons : l'automne. Des angelots se gorgent de fruits qu'ils partagent avec une petite chèvre.
- Pièce au décor d'inspiration 18e siècle. Médaillon du trumeau : les quatre saisons : l'été. Angelots aux gerbes de céréales.
- Pièce au décor d'inspiration 18e siècle. Plafond peint. Un angelot fait résonner des cymbales, l'autre un triangle, tandis que le troisième essaie de dénouer un ruban au-dessus d'eux. Les instruments de musique ont une forme inspirée d'instruments antiques : les cymbales sont petites et très creuses, le triangle porte des anneaux. Les angelots ont des ailes d'oiseau.
- La cuisine. Le potager [fourneau], à cinq entrées, est décoré de carreaux de faïence.
- La cuisine. La cheminée avec, suspendu en haut à droite, son tourne-broche, intact – si ce n'est la corde de chanvre, déjà disparue au moment de la prise de vue.
- Cheminée dans le logement des domestiques.
- Grille au-dessus d'une arrivée d'air chaud, dans le plancher.
- Aucune trace du blason de la famille du commanditaire de l'hôtel, Gaborit de La Brosse (qui portait cinq mouchetures d'hermine) n'a été repérée dans l'édifice. Celui qui y était figuré plusieurs fois est celui des Gaborit de Montjou : « d'azur à trois têtes de lion d'or, deux et un, au croissant d'argent en cœur et une étoile d'or en chef ». Il était ici, comme la plupart du temps, surmonté d'une couronne comtale. Sur une des façades, ce blason était associé à celui des Aviau, famille de l'épouse d'Adolphe Gaborit de La Brosse : « de gueules au lion d'argent la queue nouée et fourchée passée en sautoir ». (Sources : image de gauche http://www.montherlant.be/article-36-demeeus02.html ; image de droite http://dechav.free.fr/armorial/blason.php?id=Aviau)
Seule subsiste actuellement de cet hôtel… la cave. Datant du 12e siècle, elle fut tout d'abord le cellier de la chantrerie de la collégiale Saint-Hilaire ; protégée au titre des monuments historiques dès 1965, elle héberge désormais un restaurant.
Photographies © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / C. Rome, 2015.
- L'actuelle résidence Renaudot, construite en 1971 à la place de l'hôtel de Brosse.
- L'actuelle résidence Renaudot, avec au rez-de-chaussée, le restaurant dont une salle occupe l'ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire.
- La cave de l'hôtel de Brosse, ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire, est aujourd'hui occupée par une salle de restaurant.
- Salle du restaurant dans l'ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire.
- Salle du restaurant dans l'ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire.
- Salle du restaurant dans l'ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire.
- Salle du restaurant dans l'ancien cellier médiéval de la chantrerie Saint-Hilaire.
Auteur : Marie-Paule Dupuy
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