La restauration de l'église Saint-Eutrope de Saintes
L’église Saint-Eutrope de Saintes vient de bénéficier d’une campagne importante de restauration, concernant l'élévation nord du monument. L’inauguration est prévue le samedi 25 juin.

Dans les années 1970 et 1980, l'accroissement du parc automobile et des commerces a nécessité le percement de voies plus larges pour accéder au cœur des agglomérations. Ce « désenclavement » a eu pour conséquence la démolition de certains édifices. Ce fut le cas pour l'hôtel de Monti, au nord de la place « du Marché », actuelle place Charles-de-Gaulle, à Poitiers.
De nos jours, le promeneur qui emprunte la rue Sainte-Opportune par la rue Riffault, arrive bientôt sur un pont enjambant la voie Malraux. Tout l'espace qui, vers l'église Notre-Dame, s'étend sous ses yeux, entre le pont et les abords de la place, était occupé par un hôtel ; les urbanistes ont à cet endroit légèrement infléchi vers l'est le tracé de la voie, afin de ne démolir que cet édifice. C'était l'hôtel de la famille Monti, venue de Florence en France au 16e siècle, et dont une branche habitait Poitiers.
L'hôtel disparu avait un plan en forme de H, avec des ailes en retour, à la fois côté cour et côté jardin. Le cadastre de 1838 montre le plan d'une construction antérieure et de même allure. Des encadrements de baies murées appartenant à cet ancien hôtel étaient encore visibles au rez-de-chaussée de l'aile sur cour, côté est.
L'hôtel détruit datait de la seconde moitié du 19e siècle.
Sur la cour en ciment, une fois passé l'un des deux portails symétriques donnant sur la rue, le visiteur avait sous les yeux une façade au décor éclectique, comme ceux dont était friand le second Empire, tout à la fois néo-classique et néo-Renaissance, imposant et théâtral. Le couloir central ouvrait sur des pièces lambrissées et sur une cage d'escalier. Les cuisines, dans l'aile en retour à l'est étaient éclairées par une baie en anse de panier. L'intérieur, pillé dès l'expropriation de l'hôtel, présentait encore en 1976 une cheminée de marbre avec un trumeau aux pilastres corinthiens.
La façade sur jardin, plus sobre, pouvait être une simple reprise de celle de l'ancien hôtel du cadastre de 1838, avec ses cinq travées régulières et ses lucarnes au fronton triangulaire.
Les ailes en retour sur le jardin étaient moins importantes que celles de la construction antérieure ; des dépendances comprenant des écuries, avec de larges oculus et deux portes cochères, s'allongeaient à l'est. Dans le jardin, la configuration en damiers visible sur le cadastre de 1838 avait fait place à une allée elliptique ceignant un vaste parterre.
Plusieurs étages de caves permettaient de rejoindre les espaces qui s'étendaient entre la rivière et la citadelle naturelle où la ville avait commencé son implantation. L'hôtel, avec les maisons voisines, occupait le rebord extrême de cette citadelle. Depuis les rues Saint-Germain et Benjamin-Franklin, plus à l'ouest, le promeneur peut encore voir des édifices accrochés de façon identique au pourtour de la falaise. Ils lui permettront d'imaginer l'aspect du quartier détruit par le percement de la voie.
Auteur : Marie-Paule Dupuy