La restauration de l'église Saint-Eutrope de Saintes
L’église Saint-Eutrope de Saintes vient de bénéficier d’une campagne importante de restauration, concernant l'élévation nord du monument. L’inauguration est prévue le samedi 25 juin.

Les cimetières meurent aussi. Nombre de ceux qui s'étendaient autrefois autour des églises ont été déplacés, pour des raisons d'hygiène, ou encore parce qu'ils devenaient trop exigus. Parfois aussi, ils ont laissé leur place à des bâtiments et le plus souvent, à la fin du 19e siècle, ils sont devenus places publiques. Les nouveaux cimetières ont quelquefois été désaffectés à leur tour, comme celui de Mouton.
Le cimetière de Mouton avait été déplacé en 1830. En 1972, ce nouvel emplacement était devenu trop petit et trop intégré dans le tissu urbain. Le cimetière fut supprimé et les tombes dispersées. Les plus anciennes d'entre elles étaient celles de religieux du prieuré Saint-Martial, et provenaient du cimetière déplacé en 1830. Il en restait une douzaine ; les autres avaient été remployées dans le mur de clôture du nouveau cimetière, qui allait disparaître en 1972.
Le plus souvent taillées en bâtière (à deux versants), les tombes portaient sur l'arête centrale des croix en relief, assez identiques. L'une d'elles montrait une croix incisée, inscrite dans un cercle et soutenue par une hampe, et une main avec un manipule, ornement liturgique recouvrant le poignet du prêtre pendant la messe. Elle était localement qualifiée de « tombe du curé ». Une autre représentait deux araires (charrues primitives). Une autre encore était dite « tombe du charpentier » et portait sur le côté une herminette et une équerre. Ces outils avaient-ils été gravés ultérieurement, lors d'un remploi de la pierre tombale ?
La plus curieuse était constituée d'une stèle, à la corniche ornée de moulurations, et surmontée d'un fronton arrondi. Le revers portait l'inscription : "AU REGRET DES ENFANS DE SALOMON", surmontée du dessin très stylisé du compas et de l'équerre. Ce dessin était encadré des lettres JBRS : s'agissait-il des initiales de Jachim, Boaz, Roi, Salomon ? Jachim et Boaz étaient les deux colonnes placées par Salomon à l'entrée du Temple de Jérusalem. Elles sont devenues des emblèmes maçonniques.
Ainsi, de l'époque médiévale à cette stèle du début du 19e siècle, les mêmes symboles ou presque figuraient sur les tombeaux à Mouton.
Auteur : Marie-Paule Dupuy