La restauration de l'église Saint-Eutrope de Saintes
L’église Saint-Eutrope de Saintes vient de bénéficier d’une campagne importante de restauration, concernant l'élévation nord du monument. L’inauguration est prévue le samedi 25 juin.

À toute époque, les parcs et les jardins de quelque importance ont été agrémentés de fabriques, petits édifices qui reflètent les goûts architecturaux du moment. Au lieu-dit l'Hermitage, à Scorbé-Clairvaux, s'élevait il y a trente ans une originale et modeste construction appelée "rendez-vous de chasse".
En moellons très irréguliers et succinctement cimentés, elle présentait une porte et deux fenêtres en rez-de-chaussée. Ces trois ouvertures étaient en ogive ; l'huisserie des fenêtres, reprenant ce dessin, s'achevait à son tour par un entrelacement de trois arcs brisés. À l'arrière avait été ajouté un appentis. À l'étage, une porte-fenêtre ouvrait sur un balcon en rondins ; la pièce était aussi éclairée d'une petite fenêtre rectangulaire et à l'arrière, de deux ouvertures, au-dessus de l'appentis. L'avancée du toit, couvert de tuiles plates, débordait largement des élévations. Elle était soutenue par des rondins irréguliers qui n'étaient pas implantés à la même hauteur.
L'intérieur était entièrement lambrissé de lattes très menues, disposées en voûte d'arêtes complexes. Sa clé s'épanouissait en huit branches, peut-être destinées à supporter un luminaire. Cette disposition à facettes se voit encore aux plafonds de certaines églises slaves rustiques, où les planches sont juxtaposées en arabesques.
Ainsi, cet étonnant rendez-vous de chasse cumulait les apparences de l'art brut, du style néo-gothique et du goût pour les décors à la manière slave.
Deux constructions du département de la Vienne présentent des ressemblances avec cet édicule. L'une est l'Hermitage de Lussac-les-Châteaux : même nom invitant au repos, voire au recueillement, même construction en moellons bruts. Cependant, à Lussac, les fenêtres sont remplacées par des niches, non pas néo-gothiques, mais en plein cintre. Et surtout l'édifice est bien plus imposant.
L'autre en revanche, une maison de la Cueille-Aiguë à Poitiers, est presque semblable. Elle aussi est toute en hauteur, en moellons bruts, avec une fenêtre dessinée contrastant avec ces derniers, et couverte d'une toiture à deux pans. Et l'originalité des rondins de Scorbé a son équivalent dans les sculptures antiques réemployées aux angles supérieurs des élévations.
Auteur : Marie-Paule Dupuy