Les monuments aux morts portant l'allégorie de la République en Poitou et en Charentes
Les monuments aux morts
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Mis à jour le 9 octobre 2018

Parmi les 1 500 monuments aux morts du Poitou et des Charentes, plus de 80 mettent en scène une figure féminine qui représente la République, la Patrie, la France. Quelle image de la République, quels symboles trouve-t-on sur ces monuments, construits pour la plupart après la Première Guerre mondiale ?
- Chabanais (Charente) - Monument aux morts, près de l’église Saint-Sébastien. Sculpture en pierre par Georges Delperier (Paris 1865 - Tours 1936). © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / G. Beauvarlet, 2008.
- Châtellerault (Vienne) - Monument aux morts, Square Gambetta. Sculpture en bronze d’Aimé Octobre (Angles-sur-l’Anglin 1868 - Vouvray 1943), datée de 1926. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / G. Beauvarlet, 2008.
- Saint-Même-les-Carrières (Charente) - Monument aux morts, à l’angle de la route de la Gare et de la rue de la Détente. Sculpture en pierre réalisée par A. Vendôme en 1921. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / G. Beauvarlet, 2008.
- Lusignan (Vienne) - Monument aux morts, près de l’hôtel de ville. Sculpture en pierre réalisée par Aimé Octobre (Angles-sur-l’Anglin 1868 - Vouvray 1943) et datée de 1922. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Sousmoulins (Charente-Maritime) - Monument aux morts, place du bourg. Bas-relief en pierre exécuté par le marbrier Gobeaux de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne) et inauguré en avril 1925. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Angoulême (Charente) - Monument aux morts, place Beaulieu. Monument en pierre réalisé par l’architecte Roger Baleix (Angoulême 1885 - 1958) et le sculpteur Émile Peyronnet (Rougnac 1872 - Angoulême 1956), inauguré le 11 novembre 1926. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / G. Beauvarlet, 2008.
- Coulonges-sur-l’Autize (Deux-Sèvres) - Monument aux morts, face au château. Sculpture en pierre, d’après un des modèles de Victoire du catalogue des Marbreries générales (33 rue Poussin à Paris, dirigées par Georges Gourdon). © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Niort (Deux-Sèvres) - Monuments aux morts, près de la médiathèque. Sculpture en pierre de Chauvigny, réalisée par l’entrepreneur M. Fossé et le sculpteur Pierre-Marie Poisson, inaugurée place du Donjon en juillet 1923. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel /R. Jean, 2008.
- Torxé (Charente-Maritime) - Monument aux morts, place de l’Église. Sculpture en pierre qui porte la signature de Méchin à Saintes, inaugurée le 8 juillet 1920. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) - Dans l’église Saint-Melaine. Bas-relief en pierre peint, réalisé par Henri Charlier (1883-1975). © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Parthenay (Deux-Sèvres) - Monument aux morts, collège du Marchioux. Sculpture en pierre réalisée par Charles Sabouraud et inaugurée le 9 mars 1924. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
- Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime) - Monument aux morts, square de la Libération. Sculpture en bronze réalisée par Paul-Albert Bartholomé (Thiverval-Grignon 1848 - Paris 1928), élève de Rodin, en 1921. © Région Poitou-Charentes, inventaire général du patrimoine culturel / R. Jean, 2008.
Les monuments étudiés
Les dossiers et illustrations des 86 monuments étudiés sont en ligne. Ils viennent compléter le livre et l'exposition réalisés par le service régional du patrimoine en 2008, à l'occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918.

Des monuments souvent uniques
Contrairement aux monuments aux morts présentant un simple obélisque parfois surmonté d´un coq ou d´un Poilu, les monuments présentés ici sont rarement des œuvres de série, commandées sur catalogue par les communes, mais souvent l´œuvre de sculpteurs locaux ou non, parfois de renommée nationale.
Une République aux visages multiples, inspirée de l'Antiquité
L´allégorie de la République est souvent figurée debout, vêtue d´une longue robe drapée à l´antique, pieds nus ou chaussée de sandales. Elle est parfois coiffée du bonnet phrygien ou d´une couronne civique, symboles empruntés à Marianne. Elle peut aussi porter des éléments liés à la Grande Guerre, comme le casque de Poilu, ou un voile de veuve. Ces éléments peuvent être associés. Dans un cas, à Chasseneuil-sur-Bonnieure, monument reproduit quelques années plus tard à Sainte-Sévère, elle est coiffée comme une Alsacienne, avec de longues tresses, expression de la revanche sur la défaite de 1870.
Elle peut porter cuirasse, pectoral ou autres éléments d´armure empruntés à l´Antiquité grecque et romaine, symboles de combativité et d´invincibilité. Comme Marianne, elle peut avoir le sein nu ou la poitrine mise en valeur.
Elle tient parfois un glaive ou une épée, le plus souvent au repos, la pointe tournée vers le bas. Ils symbolisent la force militaire qui a triomphé de l´ennemi.
Victoires ailées
Dans un tiers des cas étudiés, il s´agit d´une Victoire, identifiable à ses ailes. Pour comparaison, un exemple d'ange couronnant un soldat, à ne pas confondre avec une Victoire, a été étudié, celui du calvaire de Chiché.
Drapeau et étendard
L´allégorie de la République peut tenir dans les mains un étendard, symbole emprunté à la Marseillaise, ou un drapeau.
Couronnes et bouquets
Elle offre souvent des couronnes de laurier, des palmes, des branches de chêne ou de laurier, symboles d´honneur, de gloire et de victoire, ou des couronnes mortuaires, en hommage aux soldats défunts. Elle peut également parfois tenir un petit bouquet de fleurs qui peut symboliser les couleurs nationales.
L'enquête d'inventaire
L'enquête d'inventaire a été menée par †Madame Pon-Willemsen (conservateur en chef honoraire du patrimoine) et complétée par Véronique Dujardin.
L'étude a porté sur :
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2 monuments commémorant le centenaire de la Révolution (Châtellerault et Jonzac) ;
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1 copie de la statue de la Liberté (Poitiers) ;
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5 monuments aux morts de 1870/1871 (Bressuire, monument aux mobiles à Angoulême et monument du Souvenir Français à Angoulême, le monument aux mobiles à Niort et celui détruit place Saint-Jean à Niort)
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2 monuments du Souvenir français érigés en 1907 et 1908 respectivement dans les cimetières de Rochefort, et de Chilvert à Poitiers portant la même "Pro Patria" ;
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67 monuments aux morts de 1914-1918, dont un tableau des morts de Nueil-les-Aubiers et le monument détruit de Rochefort ;
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5 monuments aux morts de 1914-1918 portant une représentation de Jeanne d´Arc;
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1 monument aux morts de 1914-1918 à Saintes, portant une représentation féminine offrant couronne et laurier, sur une stèle qui domine un groupe sculpté composé d'une infirmière et d'un soldat ;
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un tableau commémoratif des morts de la mairie de Clion, qui porte une représentation de Marianne (en revanche, un tableau commémoratif en bois peint, concernant des morts au combat à Thouars en 1793, portant une représentation d'un buste de Marianne et conservé au musée d'Airvault dans les Deux-Sèvres, n'a pas pu être étudié).
Les critères
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Les critères retenus pour distinguer les allégories de la République des autres représentations féminines présentes sur les monuments aux morts (veuves, orphelines, mères de soldat, infirmières) sont ceux proposés par C. Pon-Willemsen dans son ouvrage "Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes".
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Les monuments portant des symboles de la République autres que des représentations féminines (coqs par exemple) n'ont pas été pris en compte.
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Les représentations de Jeanne d'Arc ont été intégrées comme un cas à part, en considérant qu'il s'agit d'une forme de personnification de la Patrie.
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