Visite virtuelle de l'église de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers : une frise sculptée exceptionnelle
Découvertes
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Mis à jour le 4 juillet 2018
Une visite virtuelle pour découvrir la remarquable frise sculptée qui orne la façade de l'église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, un des monuments romans majeurs de la région Nouvelle-Aquitaine...
Classée Monument historique depuis 1840, l'église Notre-Dame-la-Grande a fait l'objet de nombreuses campagnes de restauration au cours des 19e et 20e siècles. La campagne menée de 1992 à 1995 a permis de mettre en valeur le décor sculpté de la façade, exceptionnel par son abondance, sa qualité et ses scènes historiées. C'est lors de cette campagne que des traces de polychromie ont été révélées, attestant que la façade était peinte à l'époque romane. Au-dessus du portail, une frise sculptée illustre des scènes de l'Ancien Testament et des épisodes de l'Enfance de Jésus. Découverte...
La façade sculptée de l'église Notre-Dame-la-Grande
- L'église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne). © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- La façade. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Partie haute de la façade. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Partie basse de la façade. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Le portail et la frise sculptée. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Détail de la partie gauche de la frise sculptée, de gauche à droite : Adam et Ève, Nabuchodonosor, quatre prophètes. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Détail de la partie droite de la frise sculptée, de gauche à droite : l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, le Bain de l'Enfant, Joseph. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
- Détail de la Nativité. © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet, 2009.
La frise en détails : les textes de la visite virtuelle

Adam et Ève
L'histoire du premier couple - Adam et Ève - est racontée dans la Genèse, premier livre de la Bible. Adam et Ève vivent dans le jardin d’Eden (le Paradis) près de l’arbre de la connaissance du bien et du mal auquel Dieu leur défend de toucher. Le serpent, incarnation du diable, tente Ève et la convainc de manger le fruit de l’arbre.
La disposition d'Adam et Ève situés de part et d'autre de l'arbre de la connaissance s'inscrit dans une longue tradition fixée dès le 3e siècle. Adam est généralement représenté à gauche et Ève à droite. Ici, l'identification est renforcée par l'inscription EVA.
La scène d'Adam et Ève offre ici l'originalité d'insister sur la présence du mal, symbolisé par un dragon ailé placé en dessous dans un petit espace triangulaire.
Nabuchodonosor
Le roi Nabuchodonosor est identifié par une inscription disposée derrière sa tête : NABUCODONOSOR REX. Malgré l'érosion de la sculpture il subsiste deux attributs de la royauté du personnage assis sur un trône : la couronne et le fleuron terminal du sceptre qu'il tenait de la main droite.
Nabuchodonosor II, roi de Babylone de 604 à 562 avant Jésus-Christ est mentionné à diverses reprises dans la Bible. Il est représenté sur la façade de l'église Notre-Dame-la-Grande pour avoir reconnu la supériorité du Dieu d'Israël en le qualifiant de dieu des dieux.
Quatre prophètes
Les quatre personnages richement vêtus se distinguent par une auréole qui indique leur sainteté. Ils tiennent un rouleau de parchemin ou un livre avec des inscriptions de l'Ancien Testament. Celles-ci permettent de les identifier comme les prophètes Daniel, Jérémie, Isaïe et Moïse qui annoncent par leurs récits la venue du Messie.
L'Annonciation
Dans cette scène, l'archange Gabriel s'approche de Marie pour lui annoncer qu'elle donnera naissance au Fils de Dieu, qu'elle dénommera Jésus. Un souffle soulève la robe de Marie dont les mains appuyées contre la poitrine marquent sa surprise à l'annonce de Gabriel.
Marie, identifiée par l'inscription MARIA, est revêtue d’un bliaud à larges manches dont l’encolure en V laisse apparaître la chemise. Il est maintenu à la taille par une cordelette nouée. Le col et le bord des manches sont ornés de broderies ou de passementeries.
La Visitation
Dans la scène de la Visitation, Marie se rend auprès de sa cousine Élisabeth pour lui annoncer qu'elle va donner naissance à Jésus, le Fils de Dieu.
À Notre-Dame-la-Grande, Élisabeth, sur le seuil de sa maison, embrasse Marie. À gauche de la scène, la suivante d'Élisabeth invite de la main droite les deux femmes à rentrer dans la maison. La suivante de Marie, dans la partie droite, se tient quant à elle devant une ville entourée de remparts et renfermant une église.
L'évocation de la maternité de Marie se fait par la main d'Élisabeth posée sur le ventre de sa cousine. Cette allusion à l'enfant porté par Marie est renforcée par la figuration d'un arbre à palmettes sous les deux femmes qui symbolise l'arbre de Vie.
La Nativité
Marie est allongée près de l'enfant Jésus couché dans une mangeoire avec l'âne et le bœuf. Marie dont la tête repose sur un oreiller est voilée et habillée d'une tunique à manches longues.
Le lit en bois de la Vierge est sculpté avec précision : un cadre rectangulaire, quatre montants ornés chacun d'une boule et une planche formant le sommier. Ce beau meuble, l'oreiller et les draps ne se trouvent que dans les demeures les plus riches.
Notre-Dame-la-Grande est une des rares églises romanes où est illustrée la Nativité.
Le Bain de l'Enfant
Deux femmes baignent dans une cuve l'enfant Jésus. Le sculpteur de Notre-Dame-la-Grande a représenté avec réalisme des sages-femmes qui sont genoux fléchis, les cheveux relevés et les manches retroussées.
Cette représentation a avant tout une valeur symbolique et renvoie au baptême. À l'époque romane, les nouveau-nés sont plongés dans l'eau pour être baptisés. Le bain de l'Enfant évoque cette cérémonie, bien que Jésus ait été baptisé à l'âge adulte.
Texte : Véronique Dujardin, Emmanuel Gouy, Christine Sarrazin
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