Conférence sur le patrimoine de Cernay le 24 mars
Le vendredi 24 mars 2023 à 18h, à la salle des fêtes de Cernay, une conférence de Paul Maturi présentera les résultats de l’inventaire du patrimoine de cette commune.

L'art roman en Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne, présente de nombreuses scènes peintes ou sculptées où interviennent l'ange ou le diable. Elles illustrent deux thèmes particulièrement développés par l'Église aux 11e et 12e siècles : le triomphe de la foi et la lutte du bien et du mal.
Appartenant l'un et l'autre au monde de l'au-delà, l'ange et le diable apparaissent à différentes reprises dans la Bible.
L'ange appartient à la cour céleste qui entoure Dieu et célèbre sa louange. Il est le messager de Dieu auprès des hommes et, bien que pur esprit, il se manifeste auprès d'eux sous forme humaine. C'est d'ailleurs sous les traits d'un jeune homme que les artistes le représentent dès les premiers siècles du christianisme ; le personnage est doté d'ailes qui indiquent son appartenance au monde céleste.
Le diable est à l'origine un ange, déchu pour s'être révolté contre Dieu ; il est « celui qui divise » et représente le mal. Dénommé également Satan, il ne sera appelé démon qu'à partir du 14e siècle. C'est essentiellement à partir de l'époque romane qu'il est figuré dans les églises. Il prend souvent les traits d'un petit personnage laid, bestial, grimaçant, qui permettent de le reconnaître immédiatement : sa mauvaise âme est visible physiquement. Parfois il prend la forme d'un animal monstrueux, comme le dragon.
À l'époque romane, une grande place est accordée aux représentations du Christ en gloire, la main droite levée dans le geste de la bénédiction, ou à son Ascension, images qui annoncent le triomphe de la foi. Le Christ est entouré par une mandorle (forme circulaire ou en amande qui entoure le personnage) portée par les anges. L'église Notre-Dame la Grande à Poitiers conserve une des premières représentations sculptées en Poitou-Charentes de l'Ascension du Christ ; des anges se tiennent à ses côtés.
Les anges assistent souvent au triomphe du Christ en l'adorant, comme à la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême où ils sortent de la nuée pour l'accueillir.
Plusieurs passages de la Bible où interviennent des anges sont particulièrement représentés à l'époque romane. La vie de Jésus en fait partie et est de plus en plus illustrée à partir du 12e siècle.
Ainsi, c'est l'archange Gabriel qui annonce à Marie qu'elle va donner naissance au fils de Dieu ; c'est également lui qui prévient les bergers de la naissance de Jésus.
Sur un chapiteau de l'église Saint-Pierre à Chauvigny (Vienne) où figure cette scène, l'archange Gabriel occupe toute une face du chapiteau. Il domine les bergers, sa grandeur soulignant son importance.
C'est au cours du 6e siècle que plusieurs auteurs chrétiens développent l'idée de l'ange accueillant l'âme du défunt pour le conduire auprès de Dieu. L'âme est figurée par un petit personnage nu.
La lutte du bien et du mal est un thème récurrent dans la religion catholique médiévale. Une des scènes les plus symboliques est le combat de l'archange Michel contre le dragon qui représente Satan. Extraite de l'Apocalypse (dernier livre de la Bible), cette scène est visible dans plusieurs églises de la région comme, par exemple, dans le chœur de l'église Saint-Hilaire le Grand à Poitiers (Vienne).
À partir du 12e siècle, un épisode de la vie légendaire de saint Georges est également souvent représenté : chevalier défenseur de la foi, saint Georges affronte le dragon, afin de délivrer une princesse qui personnifie l'Église.
Le diable cherche à faire chuter l'homme. Le combat des vertus et des vices, très fréquent dans les églises de Saintonge, illustre la lutte que doit mener l'homme pour ne pas pécher. Les vertus prennent la forme de femmes guerrières, les vices étant souvent des diables décharnés.
Après leur mort, les bonnes et mauvaises actions des hommes sont pesées afin de savoir s'ils doivent aller au paradis ou en enfer. Cette pesée des âmes, vraisemblablement héritée de la religion égyptienne, est présidée par l'archange Michel. Dans les images romanes, le diable, souvent difforme, tente vainement de faire pencher vers lui la balance que tient l'archange.
Auteur : Christine Sarrazin