Conférence sur le patrimoine de Cernay le 24 mars
Le vendredi 24 mars 2023 à 18h, à la salle des fêtes de Cernay, une conférence de Paul Maturi présentera les résultats de l’inventaire du patrimoine de cette commune.

Les départements de Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne sont un remarquable conservatoire de peintures romanes. Malgré leur fragilité, elles sont encore présentes dans une vingtaine d'églises parmi les centaines construites à l'époque romane.
La plupart se trouvent dans l'actuel département de la Vienne. À côté des célèbres peintures de l'abbaye de Saint-Savin, inscrite à l'UNESCO, ou de l'église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers, subsistent également des ensembles moins connus comme ceux de la crypte de l'église Notre-Dame à Montmorillon, ou, seul exemple en Charente, les peintures de la chapelle des Templiers à Cressac-Saint-Genis.
Au Moyen Âge, l’Occident est un monde d'images, essentiellement religieuses. Toutes les églises sont alors destinées à recevoir un décor mural peint. Les peintures ont pour principale vocation d'éduquer les fidèles. Elles permettent d'exprimer les principes fondamentaux de la religion chrétienne et de répandre les valeurs de l’Église. Ces ensembles peints portent parfois des messages complexes, destinés aux religieux et aux personnes instruites
Certains thèmes sont particulièrement fréquents et leur disposition au sein de l'édifice répond à des besoins liturgiques. Dans les espaces les plus sacrés (parties voûtées des absides et des chœurs) prennent place des représentations du Christ en majesté ou de la Vierge en majesté. Sur les portails et les porches d'entrée figurent, le plus souvent, des scènes de l'Apocalypse. Les cycles narratifs se déploient sur les larges espaces des murs et des voûtes. Dans ces ensembles peints, sont figurés des épisodes de la Bible, principalement du Nouveau Testament et plus rarement, de l'Ancien Testament. L’impressionnant programme peint de Saint-Savin fait figure d’exception car il présente soixante scènes de la Genèse et de l'Exode (Ancien Testament).
Les réalisations les plus spectaculaires sont narratives. Une grande partie de la peinture n'est toutefois que décor. Celui-ci a pour but de souligner les différents éléments de l'architecture comme les arcs ou les arcades. Les frises sont de formes très diverses : simples bandes colorées, à motifs végétaux répétés comme dans l'église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers, ou géométriques comme au baptistère Saint-Jean à Poitiers... Certaines sont fortement inspirées de décors antiques. Les fonds colorés unis couvrent la plus grande partie des édifices romans : simple badigeon blanc ou décor de faux appareil qui reproduit la maçonnerie. Dans quelques églises, les artistes ont cherché à imiter un matériau, comme à l'église Saint-Savin où les colonnes sont ornées de faux marbres peints.
Plusieurs édifices du Poitou se couvrent, à la fin du 11e siècle, de décors peints : les églises Saint-Hilaire-le-Grand et Notre-Dame-la-Grande, ainsi que le baptistère Saint-Jean à Poitiers, et l'église abbatiale à Saint-Savin. Ces peintures murales ont de nombreuses caractéristiques communes : la recherche omniprésente de mouvement dans la représentation des personnages ; l'envolée des drapés et la position des pieds dite dansante qui participent à cet effet de dynamisme ; des drapés dessinés avec une succession de lignes parallèles resserrées ; de nombreux rehauts blancs, en fines lignes ou cercles concentriques, pour suggérer les modelés des corps et les jeux de lumière. On constate par ailleurs que dans le manuscrit Vie de Sainte Radegonde, les enluminures réalisées à cette période présentent les mêmes caractéristiques.
La peinture est apposée sur deux enduits de chaux encore humides (a fresco). Cette technique permet une longue conservation des décors, car les pigments se lient à l'enduit quand il sèche. Celui-ci est appliqué chaque jour en fonction de l'avancée du travail. L'artiste doit donc peindre rapidement en commençant par les esquisses, puis les aplats de couleurs et en terminant par les rehauts. Quand les derniers traits de couleurs sont posés, l'enduit est souvent sec, ils sont donc généralement moins bien conservés. Quand l'enduit est ré-humidifié avant de peindre, la technique est dite à semi fresco.
Auteurs : Noémie Lechat et Christine Sarrazin.