Sculptures romanes
Découvertes
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Mis à jour le 17 octobre 2016
À l'époque romane (11e et 12e siècles), les transformations de la société liées à l'essor de l’Église et des seigneurs, suscitent un élan de création artistique : architecture, peinture, sculpture... En Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne, la sculpture est particulièrement abondante dans les quelque 800 églises romanes conservées.
Des premières œuvres...
La place de la sculpture dans les églises varie au cours de la période romane. Pendant les premières décennies du 11e siècle, son rôle semble modeste. Elle se concentre sur certaines parties fonctionnelles de l'architecture comme les chapiteaux des colonnes. Souvent ornées de végétaux, les œuvres sont produites en série, avec quelques variations dans les motifs comme en témoignent le chevet de l'église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers ou la rotonde de l'ancienne église Saint-Sauveur à Charroux. Les sculpteurs représentent également quelques animaux, notamment des lions et des oiseaux, et de rares scènes historiées. La sculpture est essentiellement décorative, le message chrétien étant annoncé par les peintures murales des édifices.
Photographies : © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Alain Maulny (02), Christian Rome (01, 03, 04 et 05).
...inspirées de l'art antique
Ce décor sculpté végétal est inspiré de modèles antiques qui ornent les nombreux monuments gallo-romains encore présents à l'époque romane. Le chapiteau corinthien, à trois registres de feuilles d'acanthe superposés, est ainsi un des motifs favoris des premiers sculpteurs romans. L'art antique n'est toutefois pas la seule source d'inspiration, d'autres influences sont perceptibles : arts celtes, orientaux...
Photographies : © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet (06), Raphaël Jean (07) Christian Rome (08, 09 et 10).
Au 12e siècle, la sculpture évolue...
Les prémices d'un changement apparaissent dans le traitement du décor sculpté, à la fin du 11e siècle ; de nouveaux motifs, notamment animaliers, voient le jour. Puis, la sculpture prend une place de plus en plus importante, comme en témoigne la façade de la nouvelle cathédrale d'Angoulême, construite entre 1110 et 1120. Le haut mur-écran, qui représente le Jugement dernier et l'Ascension du Christ, affirme aux yeux de tous un message religieux fort. Aux côtés des apôtres des arcades et du Christ entouré d'anges qui domine l'arcade centrale, un foisonnant monde végétal et animal se déploie sur les bandeaux, les arcs, les chapiteaux.
Photographies : © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Christian Rome (11 à 15).
... et devient abondante et didactique...
La sculpture s'affranchit des codes antiques et se diversifie tout au long du 12e siècle. Le décor végétal toujours très présent, côtoie désormais de nombreux animaux, réels ou fantastiques, et des scènes figurées illustrant les textes saints, les sermons, la lutte du bien et du mal... La sculpture devient le vecteur privilégié du message religieux, raconté au siècle précédent par le décor peint.
Photographies : © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet (27, 29 et 30), Marc Deneyer (17 et 21), Raphaël Jean (19, 20 et 28) Christian Rome (16, 18, 22 à 26).
... tout en soulignant les points forts de l'architecture
Hormis dans quelques monuments d'exception où la façade est entièrement ornée (cathédrale d'Angoulême, églises Notre-Dame-la-Grande à Poitiers ou de Saint-Jouin-de-Marnes), la sculpture extérieure se déploie surtout autour des baies et des portails, sur les modillons des corniches. Les portails étant presque toujours dépourvus de tympans, ce sont les voussures (série d'arcs dominant la porte) qui portent la sculpture. À l'intérieur des édifices, le développement des voûtes entraîne la multiplication des piliers porteurs et des chapiteaux sculptés. Ornant certains point forts de l'architecture, la sculpture est subordonnée à son support dont elle épouse la forme : ornementation rayonnante des voussures (chaque claveau, ou pierre, porte un motif) ou suivant la courbe des arcs ; composition adaptée à la forme tronconique du chapiteau, de manière plus ou moins maladroite selon le savoir-faire du sculpteur...
Photographies : © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Gilles Beauvarlet (32, 34, 35, 37 et 38), Marc Deneyer (43), Raphaël Jean (36 et 42), Alain Maulny (33), Christian Rome (31, 39, 40, 41, 44 et 45).
Pour aller plus loin
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BRUDY, Pascale, BÉNÉTEAU-PÉAN, Anne (dir.). L'âge roman. Arts et culture en Poitou et dans les pays charentais. Xe-XIIe siècles. Montreuil : Ed. Gourcuff Gradenigo, 2011.
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CAMUS, Marie-Thérèse. Sculpture romane du Poitou. Les grands chantiers du XIe siècle. Paris : Ed. Picard, 1992.
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CAMUS, Marie-Thérèse, CARPENTIER Elizabeth, AMELOT Jean-François. Sculpture romane du Poitou. Le temps des chefs d'œuvre. Paris : Ed. Picard, 2009.
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Congrès archéologique de France. Charente. Paris, 1999.
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LACOSTE, Jacques (dir.). L'imaginaire et la foi. La sculpture romane en Saintonge. Tours : Ed. Ch. Pirot, 1998.
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TERNET, Sylvie. Les églises romanes d'Angoumois. T. 1 et 2. Ed. Le Croît Vif, 2006.
Ces livres sont consultables au centre régional de documentation du patrimoine.
Auteur : Christine Sarrazin.
Voir
Exposition "Chefs-d'œuvre de la sculpture romane en Poitou"
Exposition "Sculptures romanes en pays civraisien : entre religieux et imaginaire"
Exposition "L'art roman en Poitou-Charentes" (2013)
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