Conférence sur le patrimoine de Cernay le 24 mars
Le vendredi 24 mars 2023 à 18h, à la salle des fêtes de Cernay, une conférence de Paul Maturi présentera les résultats de l’inventaire du patrimoine de cette commune.

Des modestes moulins à blé aux imposantes minoteries en béton de plusieurs étages, les établissements de l'industrie meunière n'ont cessé d'évoluer depuis la fin du 18e siècle. Leur architecture a dû s'adapter à la modernisation de leur équipement, qui consiste en machines de nettoyage du grain, de tri et de conditionnement de la mouture. De nouveaux bâtiments de stockage, les silos, voient le jour au 20e siècle.
Les moulins à blé antérieurs au 19e siècle sont pour la plupart des moulins à eau. Il s'agit généralement de modestes constructions en pierre locale, qui se confondent avec les autres bâtiments ruraux. Certains sont dotés de roues sur leurs deux flancs et présentent une forme en éperon qui confère au bâtiment une grande solidité, notamment en temps de crue, et qui améliore le courant d'eau. Le moulin d'Assit à Manot ou les Grands-Moulins à Montmorillon, tous deux antérieurs au 18e siècle, présentent une telle forme.
Les bâtiments sont en général pourvus d'un seul niveau pour permettre l'installation d'une plate-forme très sommaire qui supporte la paire de meules au-dessus du rouet de fosse, entraîné par la roue hydraulique.
Deux établissements appelés "moulins à la mécanique", qui s'installent à Condac et à Salles après 1771,se distinguent par leur taille imposante. Leur architecture est adaptée à l'utilisation de nouveaux systèmes mécaniques de nettoyage et de tamisage. Ils préfigurent les "moulins à l'anglaise" qui sont créés cinquante ans plus tard et qui sont le plus souvent des bâtiments reconstruits à l'emplacement d'anciens moulins.
Les moulins à l'anglaise utilisent les lois de la gravité dans les différentes étapes du travail. Ils sont dotés d'au moins trois niveaux : le premier est réservé au moteur et aux engrenages, le deuxième, non inondable, aux meules et le troisième aux appareils de nettoyage et de blutage. À tous les niveaux sont aménagées des chambres en bois à grain et à farine, destinées à stocker les produits entre deux passages dans les machines.
Ancien moulin à blé d'Ermessain à La Crèche (Deux-Sèvres).
Leurs façades, comme celles de la plupart des grands bâtiments construits au cours du 19e siècle, sont ordonnancées et percées de nombreuses et larges fenêtres. C'est le cas du moulin du bourg de Mauzé, reconstruit en 1874, ou de celui de Bonneuil-Matours, en 1901. Parmi eux, une dizaine possède une architecture exceptionnelle, à l'image de ceux de Chamberlane à Bazac, d'Anguitard à Chasseneuil-du-Poitou, du Moulin-Joany et des Grands-Moulins d'Ozon à Châtellerault.
L'installation de nouvelles machines entraîne la plupart du temps une transformation architecturale, notamment l'exhaussement des bâtiments, comme c'est le cas des établissements à Claveau, sur la commune de Moncoutant, et à Bonneuil-Matours en 1937. Quelques bâtiments existants suffisamment grands, comme le moulin de Bazac, ne nécessitent pas de transformations. Comme pour les moulins à l'anglaise, certaines minoteries résultent de la reconstruction d'anciens moulins, dont sont parfois conservés les ouvrages hydrauliques (déversoir, biefs, vanne de décharge).
Le béton est tout d'abord utilisé sous forme de parpaings, comme au moulin de Guillerand à Saulgé pour le rehaussement d'un étage en 1914. C'est dans les années 1930 que le béton armé remplace le moellon enduit, au moulin de Coutant à Pons ou à la minoterie de Pont-l'Abbé-d'Arnoult ; le recours à ce matériau devient systématique à partir des années 1950.
La construction en pan de métal est assez peu répandue ; seuls quelques ateliers sont édifiés en pan de métal et parpaing de béton, comme au moulin de Guillerand à Saulgé, ou en pan de métal et brique comme au moulin de Riollet, au Chay, en 1930. Les charpentes métalliques remplacent dès le début du siècle les charpentes traditionnelles, comme dans les minoteries Mallet à Mauzé et Vérat à Mortagne-sur-Gironde. Le décor architectural ne fait l'objet d'aucune attention particulière ; seules les raisons sociales figurent, à partir des années 1930, sur les façades.
Au cours du 20e siècle, la principale évolution architecturale de la minoterie concerne l'ajout de bâtiments destinés au nettoyage et au stockage, pour répondre à une production de plus en plus importante.
Les ateliers de nettoyage ressemblent souvent, par leur organisation, à ceux de fabrication. Les bâtiments de stockage, silos ou réservoirs à grain, font quant à eux appel à des formes nouvelles de construction.
Les premiers silos sont des bâtiments carrés ou rectangulaires, de grande hauteur, mis en œuvre avec des matériaux variés. Celui de la minoterie David, à La Jarrie, bâti en 1912, est construit en pan de bois et bardage d'ardoise, avec un toit à longs pans en ardoise.
Ils sont ensuite fréquemment construits, à partir des années 1930, en béton armé, comme ceux du Grand-Moulin à Mosnac, et du moulin Minot à Saint-Pierre-d'Exideuil. Ils conservent encore une toiture à longs pans.
Ils sont, à partir des années 1950, encore plus nombreux en béton armé et couverts d'un toit en terrasse. Le silo de Courçon, d'une capacité de 11000 quintaux, édifié en 1953 par l'architecte A. Guillon, est d'une qualité architecturale exceptionnelle.
À partir des années 1960, le stockage se fait dans des cellules métalliques abritées ou non dans des bâtiments, comme à la minoterie Béraud à Mauléon.
Auteur : Pascale Moisdon, en collaboration avec Catherine Tijou.
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